La lettre du SNAM-HP
Syndicat National des Médecins, Chirurgiens,
Spécialistes, Biologistes et Pharmaciens
des Hôpitaux Publics
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Février 2015

L’hôpital, au service des patients, est d’abord l’affaire de ses médecins

 

Laissez les médecins s’occuper des patients !

Nous avons le sentiment que le monde hospitalier est en panne et nous doutons qu’il y ait des mécaniciens au Ministère pour faire repartir la machine. Nous ne sommes pas en accord avec l’intégralité des dispositions de la loi de santé. En revanche, nous en attendons au minimum une abrogation des dispositions scélérates de la loi HPST qui a donné tout pouvoir aux directeurs (la Ministre actuelle avait d’ailleurs reconnu le caractère vexatoire de ces dispositions à l’encontre des médecins). Or la future loi de santé est en panne… Le SNAM-HP demande depuis des années que les médecins prennent toute leur place dans l’organisation des soins au sein de services médicaux alors que les directeurs disposent d’un pouvoir HPST sans limite (et sans contrôle, ce qui est antidémocratique). 

Il faut faire revenir les médecins à l’hôpital et être capable de les garder

Nous avons fait des propositions pour redonner de l’attractivité à nos métiers en particulier pour les jeunes collègues. La « mission attractivité » mandatée par la Ministre nous sert une soupe tiède et sans saveur. Les dispositions, permettant que l’on respecte nos collègues seniors dans leur désir de continuer à s’engager dans le service public, qui manque cruellement de médecins et de pharmaciens, tardent à venir. Pourtant il suffit d’appliquer par anticipation les dispositions de la loi Fillon (possibilité d’activité jusqu’à 67 ans au lieu de 65). Ceci permettrait d’éviter l’humiliation de praticiens obligés de quémander auprès de leur directeur l’autorisation de continuer à prendre en charge des malades ou pire de se faire éjecter après plusieurs dizaines d’années au service des patients dans le même hôpital, par un fonctionnaire qui ne fait que passer pour équilibrer des comptes.. 

Primes primes primes

Non nous n’avons pas de raison d’être optimistes quand on apprend entre deux réveillons que le Ministère décide, à la demande de quelques praticiens, de mettre en place une pointeuse pour les médecins (coût estimé de 80 millions quand même).
Ce n’est pas cela que nous voulons pour les médecins et les pharmaciens des hôpitaux : nous voulons en effet que notre investissement, et la pénibilité qui s’accroit, soient reconnus, que notre rémunération soit en rapport avec le service que nous rendons à la population.
Il serait juste en effet de valoriser, à un niveau décent, l’engagement public exclusif comme nous l’avons demandé. On nous répond que c’est la crise et qu’il n’y a pas d’argent. Pas d’argent ? Et les 500 millions d’euros que coûtent les mercenaires (Cf. rapport Véran) ? Et les primes des directeurs qui n’ont cessé d’augmenter depuis plusieurs années, subrepticement ? Savez-vous que plus de la moitié de la rémunération d’un directeur est constituée de primes ? Savez-vous que la « prime de fonctions et de résultats » peut atteindre de 40 000€ à 67 000€ selon le statut du directeur (montant annuel quand même). Savez-vous quels objectifs il doit atteindre pour obtenir ces primes ? Certains le savent, mais ce n’est pas public (sauf des primes comme celle liée aux résultats de la certification). Quand l’objectif est d’équilibrer les comptes, on comprend alors que certains établissements soient managés sans état d’âme et que la vision du clinicien, qui pense avant tout à la prise en charge de ses patients, soit reléguée bien loin dans l’ordre des priorités. 

Pour une rénovation de notre statut

Alors comment sortir de cette désespérance ? Arrêter de faire du replâtrage, s’obliger à voir plus loin, envisager les questions de façon globale. Les problèmes de rémunération, d’attractivité, de pénibilité ne sont que des signes d’un statut de praticien hospitalier à bout de souffle. Ce statut n’est plus en phase avec la réalité. Il a fonctionné mais il n’est plus en phase avec la réalité. Le niveau de décalage entre la rémunération dans le public et les revenus des mêmes spécialistes dans le privé est un signe, à lui seul, du fait que notre statut est moribond. Reconnaissons qu’il est sous perfusion mais n’acceptons cette phase transitoire que pour nous donner le temps de travailler à un nouveau statut qui donne de la souplesse, qui permette de choisir entre plusieurs modalités d’investissement dans l’hôpital public et qui redonne envie d’être un médecin ou un pharmacien hospitalier. Ceci n’est pas un doux rêve. Le SNAM-HP fera des propositions en ce sens. Chacun de vous pourra apporter sa contribution à l’édifice. Il est d’autant plus urgent d’agir que la mise en place annoncée des groupements hospitaliers de territoire représente pour nous actuellement un nouveau péril. A nous de transformer cette menace en opportunité. : plus de liberté et de reconnaissance de notre travail. 

Le SNAM-HP, syndicat réformateur et alliant tous statuts et tous modes d’exercice se veut être l’artisan d’une telle reconquête par son action menée dans le cadre de Convergences-HP.